• « C’est rare qu’on ait tout ce monde. »

    Claude-Henry Pollet avait prévu d'organiser une exposition au Bosphore, en octobre 2011, une galerie de La Seyne qu’il connaissait bien. Il avait soigneusement planifié cet événement qu’il partageait avec deux amies artistes. Parmi les nouveautés, il avait prévu la prestation musicale d'un orchestre de chambre.

    Après concertation, les différents intervenants décident de maintenir l’exposition malgré le décès de Claude-Henry. Du reste, l’organisation est déjà très avancée. Quelques amis sélectionnent les tableaux. Ils choisissent un panel de toiles représentatives des différentes périodes du peintre. Ils mettent cependant un accent particulier sur ses dernières réalisations, dont les monochromes et quelques variations en rouge ou violet.

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    Monochrome, huile sur isorel, 110*110 cm
  • Dans la même exposition, Claire Dubrecq, peintre à Tourtour, vieux village préservé du Var, montre ses dernières créations tandis que Chantale Saez présente ses ballons de céramique inspirés des tableaux de Claude-Henry.

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    Paysages exposés à la VillaTamaris en 2014.

    L’événement 32

    La toute grande exposition viendra plus tard, en février 2014, à la Villa Tamaris. C'est une consécration pour le peintre, mais surtout une belle récompense pour ses copains qui l’ont accompagné durant toutes ces années.

  • Après son exposition de 1998, Claude-Henry avait tenté sans succès de retourner dans le centre d’art de la Villa Tamaris. Il tenait d’autant plus à une nouvelle exposition que le réaménagement du centre et son transfert dans la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée en avaient fait un lieu de première importance, attirant chaque année quelque 45 000 visiteurs. Un second accrochage aurait également validé son travail du sceau académique du centre, couronnement dont il avait été privé en 1998.

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    Vernissage du 14 février 2014 à la Villa Tamaris.
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    Vernissage du 14 février 2014 à la Villa Tamaris.

    L’exposition de 2014 , tant espérée par le peintre et peut-être arrachée au forceps par ses proches, fut un incroyable succès.

    Robert Bonaccorsi, directeur du centre, choisit directement dans l’atelier de l’artiste les 75 œuvres qui seront montrées. André Rives, ami du peintre et discret curateur de cette exposition, imagine et réalise ensuite les accrochages aux troisième et quatrième étages du centre. Dans la cage d’escalier, il place les ludiques portes peintes pour accueillir le visiteur. À l’étage, il ouvre l’exposition avec des œuvres de la période Annecy, les réalisations à la fois les plus sobres et les plus anciennes. Il regroupe ensuite les œuvres par série, tirant le meilleur parti des lieux. Les paysages, stèles mandarines et dazibaos sont quant à eux présentés tout en haut, dans la sous-pente des toits.

    Le 14 février 2014, le vernissage rassemble les proches du peintre, sa famille, les habitués du centre ainsi que de nombreux Seynois et Varois, curieux de découvrir les oeuvres de ce peintre dont ils ont abondamment entendu parler. Il y a une telle foule que même les employés du centre s’en étonnent. L’exposition, prévue initialement pour un mois, jusqu’au 30 mars, soulève un tel intérêt qu’elle est prolongée de pratiquement deux mois, triplant presque sa durée initiale.

    Cette exposition est organisée sous la gestion quasi exclusive des amis de Claude-Henry : la sélection et l’accrochage des oeuvres, la sélection des éléments biographiques du catalogue et même la mobilisation du public sont le fait des proches du peintre. Elle n'en fait pas moins les belles heures du centre d’art qui la reprend sobrement sur son site en l'identifiant comme « Événement 32 ».

  • J’ai découvert Pollet

    La Villa édite pour l’occasion un catalogue d’exposition préfacé par Robert Bonaccorsi. Le directeur ouvre son texte par ces mots : « J’ai découvert le travail de Claude-Henry Pollet en 1998, lors de la préparation de son exposition à la Villa Tamaris ». D’entrée de jeu et en une phrase, il présente son nouveau poulain et adoube le passager quasi clandestin qui avait, seize ans plus tôt, exposé 120 œuvres au-dessus sa tête.

    Le centre a acquis 4 oeuvres de Claude-Henry, l’incroyable « Triptyque indien », composé de trois panneaux peints sur un fond d’armoire, et trois huiles colorées sans titre, faites d’aplats et de traits qui s’ouvrent en arc de cercle, comme s’ils voulaient s’échapper du tableau. En outre, le centre a reçu en donation « Chantier naval », montré en couverture du catalogue d’exposition, deux volets sans titre, « Icare » encore un volet, tableau de grand format (157 sur 128 cm), et le sympathique « Triptyque sur fond d’armoire », de série "Dazibao".

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    Galerie des Stèles mandarines.
  • Le centre, qui expose régulièrement ses collections propres, a montré le Triptyque indien en décembre 2017.


    Crédits photos

    Triptyque indien, Paysages, Vernissage (2 images), Galerie des Stèles mandarines  : Vincent Visette

    Monochrome : Jean-François Pollet


    Un dernier mot sur les 20 histoires

    J'ai écrit ces 20 « histoires » durant les mois de confinement dû au Coronavirus sur base des souvenirs que j’ai conservés de mon père, des récits et traces écrites laissées par ses amis, des correspondances qu’il a entretenues avec ses partenaires, des discours prononcés lors de vernissage, ainsi que des très nombreux articles de presse qui évoquent son travail et ses expositions.

    Mon père représentait une source précieuse pour la presse régionale. Elle se régalait de ses idées fantasques et des commentaires savoureux qu’il distillait durant ses vernissages. Il avait le contact aussi facile que le verbe haut et appelait régulièrement les journalistes à qui il détaillait ses dernières trouvailles ou futurs projets.

    Mon père collectionnait les articles de presse le concernant, les découpait avec soin avant de les coller dans de grands cahiers. C’est ainsi que j’en ai pris connaissance. Claude-Henry n’avait cependant pas toujours le réflexe de noter le titre du journal et la date d’édition. Je ne peux donc référencer avec exactitude chacun des extraits cités dans les « histoires », ni toujours citer leurs auteurs, certains articles n’étant pas signés.

    Je veux cependant rendre justice à ces journaux en précisant les titres de presse que j’ai identifiés et qui m’ont aidé à reconstituer ces 20 « histoires ». Il s’agit de La voix du Nord, Ouest France, Le Dauphiné libéré, Le Progrès, Le journal de Saône et Loire, le Courrier français du Béarn et du Pays basque, Var Matin et La Marseillaise.

    Jean-François Pollet, Bruxelles, printemps 2020

La Villa, avec carton d’invitation, Tamaris, 2014