•  « Ils ignorent leur talent. »

    La destruction de la Banane, avec ses 144 logements et 39 locaux commerciaux ou associatifs, ne représente qu’une partie de la transformation du quartier. Les travaux comprennent la destruction de 862 logements, la réhabilitation de 2 303 autres et la construction à neuf de 675 unités. La réhabilitation de Berthe est à cette époque le plus important chantier urbain de l’Hexagone. Parallèlement aux travaux, l'équipe municipale mène une vigoureuse campagne d’animation pour obtenir l’adhésion des habitants à la transformation de leur quartier.

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    La nuit, huile sur isorel, 118*72 cm
  • La mairie presse donc Claude-Henry de présenter sa future sculpture dans les classes et centres culturels. Il s'y rend avec ses tableaux et catalogues. En collaboration avec l’École des Beaux-Arts, la mairie fait réaliser par les écoliers et apprenants de la ville pas moins de 35 grands panneaux liés à la transformation du quartier.

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    Six des 35 panneaux de la place Saint-Jean avec les répliques d’un Dazibao bleu, un Annecy librement interprété, un camaïeu rouge, une tulipe (peut-être inspirée par un peintre impressionniste), une Vallée du Pô, et une Marilyn de Warhol.
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    Place Saint Jean, la sculpture « Le Délaissement des ténèbres » et la ligne colorée des panneaux.
  • Certains de ces panneaux sont d’inspiration libre, d’autres reprennent un tableau d'artiste. Il y a un clin d’œil à Andy Warhol, avec un panneau composé de bananes reproduites à l’identique. Plusieurs tableaux de Claude-Henry : un « Camaïeu rouge » et une « Vallée du Pô » sont recopiés très fidèlement. Une réplique de Dazibao est titrée « Les tours de Berthe », détournant les journaux muraux imaginés par le peintre pour les métamorphoser en paysage urbain vu par ses habitants. Un tableau que lui avait offert son amie, l’artiste Claire Dubrecq, est également reproduit. « Certains panneaux sont étonnamment fidèles, constate Claude-Henry en les découvrant. Il y a là des faussaires qui ignorent leur talent. »

    Les panneaux sont disposés sur la place Saint-Jean, le jour de son inauguration, le 19 juin 2012. Sept ans plus tard, ils y sont encore, délavés par le soleil, mais intacts. Personne n’a eu idée de vandaliser une production issue du quartier.


    Crédits photos

    Vallée du Pô, La nuit : Cyrus Pâques

    Six panneaux  : Jean-François Pollet

    Place Saint Jean : Jo Seghi/Secours populaire

Les « faussaires » de la place Saint-Jean, quartier Berthe, 2011