« Il vient vers moi et demande : ça vous plaît ? »

En juin 2007, Claude-Henry Pollet a l'opportunité de faire connaître ses travaux sur une autre rive, celle de l'océan Atlantique qui borde l’élégante cité balnéaire de Biarritz, à l'invitation de Jean-Claude Cazaux.

Galeriste sur la côte basque, Jean-Claude Cazaux s'est lié à Claude-Henry en 1999 alors qu'il était encore professeur d'allemand dans un établissement d'enseignement de Toulon. Il a découvert sa peinture au début de l’automne, alors qu'il sortait de sa classe « légèrement désœuvré », écrit-il. Le musée de Toulon, situé en face du lycée où il enseigne, présente en ce moment deux peintres : Pollet et Fourès. Ce sont les derniers jours de l’expo, pour une visite, c’est maintenant ou jamais. Il rentre. « Dès les premiers pas, poursuit-il, je fus ébloui et m’exclamais, « enfin la couleur ! » Un homme, assis au fond, que je n’avais pas remarqué en rentrant, se lève et vient vers moi. Il me demanda : ça vous plaît ? (...) Ce fut le début d’une longue rencontre, de connivence, d’échanges, d’amitié ».

Jean-Claude Cazaux se rend au quartier Berthe pour visiter l’atelier. Il examine les tableaux tout en sirotant un verre de Vieux Pape. Il s’attache à l’artiste et l'intègre dans son agenda naissant. Quelques années auparavant, l’enseignant a organisé une exposition d’envergure pour Amnesty international, à Pau, dans le Sud-Ouest. Depuis, il continue à affûter son regard par la fréquentation assidue d’ateliers d’artistes. À terme, son idée est d’ouvrir, sa propre galerie.

En juin 2007, le projet se concrétise enfin. Jean-Claude Cazaux est retourné dans sa ville d’élection Biarritz, la station select de la côte basque, passant de la tranquille Méditerranée à l'Atlantique, volontiers tumultueux, pour démarrer son nouveau projet de vie.

Le galeriste emmène dans ses cartons les œuvres de plusieurs artistes du Var, le dessinateur Georges Bru, le très reconnu sculpteur Alain François qui a transposé la pop culture dans le mobilier, avec ses créations de bois colorés. Il y a également Claude-Henry ainsi que son amie Claire Dubreucq, une artiste qui vit et travaille dans le joli village de Tourtour.

Le travail de Jean-Claude Cazaux  est très proche des pratiques des professionnels décrites par l’historienne Anne Martin-Fugier dans son essai « Les galeristes » : « (le galeriste) joue le rôle important de filtre, écrit la chercheuse. C’est lui qui est allé dans l’atelier choisir les œuvres, il les a sélectionnées et a réfléchi à leur présentation - encadrement et accrochage -, il est aussi un metteur en scène. Chez lui, vous pouvez réfléchir, revoir les œuvres, discuter les prix et les conditions de payement. (1) »

Jean-Claude Cazaux présente et défend les œuvres de la vingtaine d’artistes au travers d’expositions tournantes dans sa galerie. Il conçoit chacune d'entre elles pour valoriser les œuvres en jonglant avec les surfaces des murs, le relief de la mezzanine et le volume des deux pièces du rez-de-chaussée à sa disposition.

Il met en avant Claude-Henry en août 2008 (« Itinéraire d’un coloriste »), avril 2009 (« Aquarelles ») et à l’été 2015, il organise une grande rétrospective, « un hommage, dit-il, a sa personne, son regard, ses recherches, son évolution, ses compositions colorées, jusqu’à l’ultime tableau. »